Les résultats partie III

LES OPPORTUNITÉS / LA PÉRENNITÉ DE LA DÉMARCHE

L’un des facteurs de réussite de la démarche de Vacquières était l’existence d’une dynamique locale, qui reste très présente encore aujourd’hui. Les exploitants continuent à monter des projets (conversion en agriculture biologique, installation de jeunes agriculteurs…), et à solliciter la Chambre d’agriculture s’ils ont des besoins (réflexion sur l’enherbement, prise en compte de la biodiversité, formation sur la vie des sols,…).
De plus, le contexte économique local était déjà favorable mais le classement de l’AOP Pic St Loup en nom propre permet à certains exploitants de mieux valoriser leur production, ce qui est un atout non négligeable.
Enfin, les partenaires actuels de la démarche (Chambre d’agriculture, SMEA, Agence de l’eau…) ont été interrogés, et ont la volonté commune de pouvoir continuer à soutenir les initiatives locales des agriculteurs, qui ont permis de reconquérir durablement la qualité de l’eau. Il restera donc à définir sous quelle forme peut se faire cet accompagnement dans les prochaines années.

4. L’ÉVOLUTION DE LA PRESSION PHYTOSANITAIRE ET LES RÉSULTATS SUR LA QUALITÉ DE L’EAU

Comment la pression polluante et la qualité de l’eau ont-elles évolué sur le bassin versant ?
Depuis 1997, les chiffres sur les pratiques, et notamment sur la part de vignes désherbées en plein, et la part de vignes sans herbicides, ont totalement changé. Les tendances se sont inversées, et aujourd’hui, la grande majorité des vignes ne reçoit plus d’herbicides. La qualité de l’eau s’est améliorée dès les premières années, la présence de simazine et de terbuthylazine a disparu, et les résultats sont stables depuis 2004. Aucun dépassement n’a été observé depuis. Il semble donc que la forte réduction de la pression phytosanitaire ait permis de reconquérir la qualité de la ressource en eau.

Concernant les analyses d’eau :

  • il y a eu très peu de détections du glyphosate (herbicide utilisé aujourd’hui) ou de son produit de dégradation l’AMPA : la dernière date de 2012 et on ne retrouve quasiment jamais ces produits dans les analyses.
  • la simazine, herbicide aujourd’hui interdit, reste détectée à quasiment chaque mesure, à des teneurs très faibles (0,01 µg/l).
  • la terbuthylazine, aujourd’hui interdite, n’a plus été détectée depuis 2008.
  • les molécules de dégradation de la simazine et de la terbuthylazine (simazine-2-hydroxy, terbuthylazine-déséthyl, hydroxyterbuthylazine, DIA et DEDIA) sont détectées presque à chaque analyse, mais restent à des teneurs faibles et inférieures aux seuils. L’absence de molécules mères, et la présence de ces molécules de dégradation, peut indiquer des phénomènes de relargage dans les sols.

Quel est l’impact de la démarche et des actions sur la qualité de l’eau ?
Pour avoir la certitude que la démarche a un impact sur la qualité de l’eau, il faudrait être en mesure de comparer les résultats obtenus avec ceux d’une situation équivalente où aucune démarche n’aurait été mise en place. On peut toutefois affirmer sans se tromper que ce sont les actions réalisées qui ont permis de reconquérir la qualité de l’eau. Elles ont permis d’une part de retrouver rapidement des résultats conformes, et d’autre part de pérenniser ces résultats. La démarche a également eu d’autres impacts positifs, comme la prise de conscience collective de l’impact des pratiques sur les ressources naturelles, la cohésion qui se développe au sein du groupe de viticulteurs, les évolutions de pratiques, la constitution de groupes d’échanges ou encore les conversions à l’agriculture biologique.

Que se serait-il passé si aucune démarche n’avait été mise en place ?
Les exploitants ont été interrogés sur ce qu’ils auraient fait si la démarche captage n’avait pas existé, et même s’ils reconnaissent que les évolutions se seraient fait plus lentement, ils pensent que sur le long terme, ils auraient tous fait évoluer leurs pratiques vers une agriculture plus durable et plus respectueuse de l’environnement.

La démarche a également eu d’autres impacts positifs, comme la prise de conscience collective.

A quoi est due l’évolution des exploitations ?
Entre 1997 et aujourd’hui, de nombreuses exploitations ont évolué : changement de pratiques au vignoble, réduction des doses, renouvellement du vignoble, conversion à l’agriculture biologique, enherbement, construction d’aires de lavages, renouvellement du matériel, raisonnement des traitements, observations à la vigne, diversification des produits et des activités, etc… Ces changements témoignent de leur dynamisme, mais également de leur sensibilité aux questions environnementales. La santé, la protection des ressources, la qualité des produits, sont autant de raisons citées pour expliquer cette évolution. D’autres raisons viennent également expliquer ce changement, notamment des raisons économiques (territoire en AOP Pic St Loup avec une forte valorisation des produits), ou de recherche de performance. Le rythme auquel ces évolutions ont eu lieu varie d’un exploitant à l’autre, en fonction des contraintes techniques ou économiques de chacun.