Historique de la démarche
Le captage de Vacquières, c’est avant tout une histoire d’hommes, de viticulteurs mobilisés et volontaires pour faire évoluer leurs pratiques, et préserver leur ressource en eau.

“ Depuis 2008,
plusieurs
programmes
d’actions se sont ainsi succédés ”
En 1997, des dépassements de normes sont constatés sur les eaux du captage du Fenouillet. Les molécules concernées sont la simazine et la terbuthylazine, des herbicides de la famille des triazines notamment utilisés en viticulture. L’étude menée à l’époque par le Conseil Général de l’Hérault met en évidence un lien étroit entre les teneurs en pesticides dans l’eau du captage du Fenouillet et la pluviométrie sur le territoire (entrainement des molécules par phénomènes de lessivage et de ruissellement). Une aire d’alimentation du captage d’environ 670 hectares (garrigues et vignes) est alors définie, et une première rencontre est organisée avec les viticulteurs locaux.
Étant donné que ce sont certains herbicides qui posent problème au niveau de la qualité de l’eau, des alternatives à l’utilisation de ces produits leur sont présentées, notamment le travail du sol mécanique. Dès cette première rencontre, les viticulteurs, accompagnés par la Chambre d’agriculture, acceptent de se mobiliser et de mettre en place des actions pour reconquérir la qualité de la ressource en eau.
Jusqu’en 2001, différentes actions, adaptées aux problématiques du territoire, sont ainsi menées : mise en place d’alternatives aux herbicides, formation à la reconnaissance des adventices1, diminution de l’usage des herbicides de pré-levée, développement du travail du sol mécanique, formation sur l’enherbement, observation de fosses pédologiques, , réglages des rampes à désherber,… La part de vignes travaillées mécaniquement augmente rapidement, et les résultats sur la qualité de l’eau sont presque immédiats (teneurs de la majorité des substances actives contrôlées sous la valeur limite de 0,1 µg/l).
Au vu des très bons résultats, l’accompagnement par la Chambre d’agriculture est réduit durant quelques années. Il reprend à partir de 2006, suite à la défriche de 18ha de parcelles à destination viticole, afin de s’assurer que l’augmentation de la pression phytosanitaire qui peut en découler n’ait pas d’impact sur la qualité des eaux du captage.
A cette même période, la gestion du forage du Fenouillet est reprise par la Communauté de communes de l’Orthus, et la démarche de protection de la ressource est réactivée. Il s’agit alors de pérenniser la démarche, et à terme de réduire, voire de supprimer, l’utilisation des herbicides sur les parcelles où des itinéraires de substitution sont possibles. L’Agence de l’Eau, qui peut mobiliser des budgets pour des actions visant à préserver la ressource en eau, propose alors aux acteurs locaux de monter un projet qui permettrait d’atteindre ces objectifs.
En 2006, les viticulteurs et la Chambre d’agriculture travaillent à l’élaboration d’un projet pluri-annuel de développement du territoire , qui intègre différentes actions comme l’achat de matériel en commun (concasseurs pour faciliter ensuite le travail mécanique des sols, …), l’installation d’un berger et la mise en place de troupeaux pour pâturer les vignes, l’entretien des fossés, ou bien encore la communication vers l’extérieur, pour transmettre l’expérience de Vacquières aux territoires voisins.
Faute de pouvoir mobiliser des financements, ce projet n’aboutit pas, mais les efforts se poursuivent. De nouveaux dispositifs (les MAE2 et les PVE3, outils financiers) sont proposés, et les exploitants sont remobilisés. Le captage de Vacquières est classé comme captage prioritaire au Grenelle de l’Environnement en 2007, et un premier programme d’actions, soutenu par l’Agence de l’Eau, voit le jour en 2008.
Il s’articule principalement autour de la réduction des herbicides mais intègre aussi des volets sur la limitation des phénomènes de transferts des produits et des risques de pollution ponctuelle. Depuis 2008, quatre programmes d’actions se sont succédés sur l’aire d’alimentation du captagedu Fenouillet, et ils ont porté leurs fruits. Les pratiques ont évolué : la quasi-totalité des parcelles en vigne ne reçoit plus d’herbicides en 2017, et la qualité de l’eau s’est améliorée durablement.
Les viticulteurs jouent un rôle essentiel dans la réussite de cette reconquête de la ressource. Certains d’entre eux, déjà présents au lancement de la démarche en 1997, poursuivent leurs efforts encore aujourd’hui. D’autres ont vu les générations suivantes prendre le relais, et continuer ce qu’ils avaient déjà commencé à entreprendre. Dans tous les cas, les résultats n’auraient pas pu être obtenus sans leur mobilisation.
L’accompagnement de cette démarche, et l’animation des programmes d’actions, réalisée par la Chambre d’Agriculture de l’Hérault, est aussi important, car ils offrent aux exploitants un appui technique, et des conseils pertinents, pour tous leurs projets. Enfin, ces actions et cette animation sont rendues possibles par les conventions signées successivement avec les gestionnaires du captage (Communauté de Communes de l’Orthus puis Syndicat Mixte de l’Eau et de l’Assainissement de la région du Pic St Loup), et par le soutien financier depuis 2008 de l’Agence de l’Eau et des fonds FEADER.